"Epilepsie : pourquoi le cerveau s'emmêle ?" Retour sur Entre midi & science (13/03/18)
Publié par Eloïse Bourjade, le 14 mars 2018 2.8k
La Galerie Eurêka ouvre régulièrement ses portes sur le temps de la pause méridienne. A chacun de ces rendez-vous « entre midi et science », un café-débat est proposé. Vous êtes curieux des sciences ? Désireux de débattre autour de sujets de société ? Alors ce temps est fait pour vous ! Et le café vous est offert !
Cependant si vous avez loupé le rendez-vous de ce mardi 13 mars, portant sur « Epilepsie : pourquoi le cerveau s'emmêle ? », vous pouvez toujours vous rattraper.
En présence du Docteur Vincent TAREL, neurologue au Centre hospitalier Métropole Savoie, nous avons donc abordé ce thème à travers plusieurs axes :
Epilepsie ou épilepsies ?
Si les premiers symptômes de l'épilepsie sont connus depuis des centaines d'années, aujourd'hui encore on peut noter une certaine méconnaissance et des idées reçues concernant cette maladie neurologique. Pourtant, elle est la plus fréquente après la migraine, touchant 1% de la population française, dont une proportion importante d'enfants et d'adolescents.
On pense souvent qu'il n'existe qu'un seul type d'épilepsie, pourtant ce n'est pas le cas : en effet, on peut différencier les crises circonstancielles, qui se produisent ponctuellement à cause d'un facteur déclencheur identifiable (fatigue, fièvre chez les nourrissons, alcool...), et les crises généralisées, qui nécessitent un traitement pour le patient.
Qu'elle soit ponctuelle ou régulière, une crise en elle-même peut prendre de nombreuses formes. En effet elle peut toucher tout le cerveau, ou uniquement certaines zones. On parle alors de crise généralisée, la plus connue, ou de crise focale, dont les effets peuvent être très variés.
Qu'est-ce que l'épilepsie ?
Une crise d'épilepsie est due à la modification brutale du fonctionnement électrique des neurones. Il est difficile d'en décrire les symptômes, qui varient en fonction de la ou des zones touchées, mais aussi des patients.
Un seul élément est certain, c'est que le déclenchement d'une crise d'épilepsie suit un parcours toujours identique, spécifique à chaque patient. Ainsi dans le cas d'une crise partielle, en fonction de la région touchée, la personne pourra voir une image, sentir une odeur, ressentir une émotion particulière, mais toujours identique. Une crise peut à terme provoquer un malaise ou se généraliser, pouvant entraîner des raideurs musculaires, spasmes...
Les traitements
En sachant qu'une crise d'épilepsie suit un déroulement fixe, cela permet de déterminer à quel endroit "couper" le processus afin de stopper le plus rapidement possible la crise. Pour cela, il faut tout d'abord sécuriser le diagnostic afin de s'assurer qu'il s'agit bien d'épilepsie généralisée, avant de définir le cycle particulier du patient par des examens.
Généralement, le traitement proposé sera une prise de médicaments. Cependant certaines personnes n'y étant pas sensible, il est parfois nécessaire de recourir à la chirurgie lorsque cela est possible. Cette opération permet de guérir l'épilepsie, mais ce n'est pas la seule solution. En effet l'évolution naturelle du cerveau fait que l'on peut guérir spontanément, particulièrement pour les enfants. Cependant il est difficile d'estimer si une personne est guérie définitivement ou non, et de nombreux patient préfèrent rester sous traitement et ne pas risquer d'avoir une crise, même s'ils sont guéris.
Ce premier temps a été suivi par des questions, parmi lesquelles :
- Comment fonctionnent la chirurgie et les médicaments contre l'épilepsie ?
Dans le cas de la chirurgie, il faut tout d'abord étudier le cerveau afin de déterminer le cycle et les zones du cerveau touchées, afin d'intervenir le plus tôt possible dans le processus. Si la zone est repérable et accessible, on peut alors envisager de l'enlever, si cela n'a pas de répercussions pour le patient. Parfois, la présence d'une tumeur cancéreuse peut aussi provoquer des crises d'épilepsie. Dans ce cas précis, enlever la tumeur ne guéri pas automatiquement tous le problème.
Les médicaments, eux, agissent directement sur les neurones, généralement en stimulant leur inhibition afin de contrer l'excitation brutale des neurones à l'origine d'une crise.
- Comment réagir face à une crise d'épilepsie ?
En cas de crise d'épilepsie totale, le premier réflexe à avoir est de sécuriser la personne en éloignant les objets pouvant la blesser, mais aussi les personnes alentour. Un second élément important à savoir est qu'il ne faut en aucun cas insérer un corps étranger (doigt, règle, cuillère...) dans la bouche de la personne en espérant l'empêcher de se mordre la langue. Vous risqueriez de vous blesser tous les deux.
Concernant les crises focales, tout dépend de la personne et des effets qu'elle ressent. Cependant gardez à l'esprit qu'elle peut avoir un risque de malaise si la crise se poursuit, qui nécessite aussi de la sécuriser.
Si l'épilepsie est une maladie méconnue, elle a pourtant touché des personnages renommés, tels que Gustave Flaubert ou probablement Dostoïevski. Aujourd'hui encore, elle peut être source de discrimination à cause de la méconnaissance de ses symptômes, alors que de nombreux dispositifs sont mis en place afin de permettre une prise en charge globale du patient. Il peut par exemple être possible pour certains épileptiques de conduire après validation d'un médecin spécialisé.
Pour aller plus loin :
Les prochains rendez-vous 2017-2018 :
- Transition énergétique : le défi du XXIe siècle ? (03/04/18)
- Permaculture : quelle terre pour demain ? (15/05/18)