"Les enfants face aux écrans : quel équilibre trouver ?" : retour sur le rdv Entre midi & science (12/03/2019)

Publié par Audrey Popineau, le 25 juin 2019   7.4k

Vous êtes curieux des sciences ? Désireux de comprendre les sujets de société et leurs enjeux ? Une fois par mois, à la Galerie Eurêka, venez rencontrer des spécialistes, poser vos questions et débattre avec eux autour d’un café lors des rendez-vous « Entre midi & science».

Si vous n’avez pas assisté au rendez-vous du mardi 12 mars, « Les enfants face aux écrans : quel équilibre trouver ? », ce résumé vous en donnera un aperçu.

En présence d’Arnaud Carré, maître de conférences enseignant chercheur en psychologie à l'Université Savoie Mont Blanc, et Sylvie Melin, enseignante et référente numérique des écoles de la circonscription de Chambéry 4, nous avons évoqué l’état des lieux relatif à l’usage des écrans chez les enfants, l’utilisation des outils numériques pour l’apprentissage scolaire, les processus psychologiques, neurocognitifs et socio-affectifs en lien avec les écrans, les risques liés à un excès d’écran et troubles éventuels, les bénéfices qui peuvent être tirés d’une utilisation modérée et maîtrisée, les recommandations des experts, les précautions et bonnes pratiques à adopter...

 Ce compte-rendu reprend les propos des intervenants et des données figurant sur leurs supports de présentation.


Retrouvez également l'intégralité de la conférence en vidéo (hors partie questions) en bas de l'article.


UTILISATION DES ECRANS DANS LES APPRENTISSAGES SCOLAIRES

Une place grandissante du numérique dans les programmes scolaires

Le numérique prend une place de plus en plus grande à l’école. L’occurrence du mot « numérique » a ainsi beaucoup augmenté dans les nouveaux programmes (2016). Le numérique est mentionné à plusieurs reprises dans les programmes scolaires des trois cycles, et est cité dans trois des cinq domaines d’apprentissage du socle commun de connaissances et de compétences :  « des langages pour penser et communiquer » (langages informatiques) ; « des méthodes et des outils pour apprendre » ; «  la formation de la personne et du citoyen » (éducation aux médias).

Par ailleurs, la place des écrans a changé : ils sont au plus près des élèves et au service de tous les apprentissages. Ils ne sont plus dans une salle informatique détachée de la classe, mais au cœur de la classe. Les outils numériques sont variés : tablettes, vidéoprojecteurs interactifs (VPI), tableaux blancs interactifs (TBI), stylets, etc.

Une nouvelle approche qui rencontre certaines réticences

Les appels à projets et plans numériques de l’Education nationale ont entraîné une arrivée massive dans les écoles de matériel de type tablettes, VPI, TBI, etc. Cette place grandissante du numérique, et son arrivée dans les classes, suscite certaines inquiétudes chez des parents d’élèves et parfois chez des enseignants.

Chez les enseignants, les inquiétudes sont liées d’une part au fait qu’il s’agit d’un nouvel outil prenant une proportion à laquelle ils ne sont pas forcément préparés (formation initiale peu numérique auparavant), et d’autre part au fait que les élèves sont parfois plus à l’aise dans la maîtrise technique de cet outil que l’enseignant lui-même.

Les parents quant à eux ne perçoivent ces outils que comme des dispositifs ludiques et s’inquiètent de voir le temps d’écran de leurs enfants augmenter.

Le rôle des formateurs au numérique auprès des enseignants

Il s’agit à la fois de formation par le numérique et au numérique. Le numérique est utilisé tout d’abord comme outil d’apprentissage (comment utiliser le VPI, pourquoi utiliser une projection, comment interagir avec les élèves sur VPI ou tablette, etc.). Tous les deux ans est organisé un salon du numérique destiné à former dans ce domaine les enseignants qui le souhaitent (quelles sont les nouvelles technologies, comment les utiliser dans leurs pratiques, etc.).

Un nouveau point porte sur le fait d’amener les enfants à comprendre que l’utilisation non réfléchie des technologies numériques peut avoir un impact sur leur santé et leur équilibre social et psychologique. La formation est donc là aussi pour conduire les enseignants à réfléchir sur ces risques potentiels, et à les amener à faire réfléchir leurs élèves.

Il s’agit aussi d’inviter au débat avec les parents pour leur faire comprendre l’utilisation des écrans à l’école et les amener à dédramatiser.

Deux infographies (cf. documents joints à l'article) sont utilisées comme supports de formation : l’une plutôt à destination des enseignants (infographie « 3-6-9-12 ») et l’autre à destination des élèves (infographie « Quel écran pour quel âge ?»). Cette dernière sert de base de discussion avec les enfants dans le cadre de l’éducation aux médias. 

 

ETAT DES LIEUX DE L’USAGE DES ECRANS CHEZ LES ENFANTS

Remarque préalable : les données relèvent de la méthode épidémiologique et sont basées sur du déclaratif. Elles peuvent donc parfois être en-deçà de la manifestation réelle de certains usages et comportements.

Des écrans très présents chez les enfants et adolescents

Le « Junior Connect », baromètre mis à disposition par l’IPSOS, fait état pour 2017 des données suivantes, témoignant de la grande présence des écrans chez les enfants et adolescents :

- Présence d’équipements numériques personnels chez les 7-12 ans : console de jeu 67% ; tablette 36% ; smartphone 22% ; ordinateur 19% ; téléviseur 16%

- Augmentation de ces équipements chez les 13-19 ans : les chiffres passent respectivement à 69, 34, 81, 68 et 35 %

Un usage important des applications mobiles

80 % des 7-12 ans, et 90 % des 13-19 ans, sont utilisateurs d’applications mobiles (sur tablette ou smartphone)

Un temps croissant sur Internet :

Temps moyens hebdomadaire : 4h37 passés sur Internet pour les 1-6 ans ; 6h10 pour les 7-12 ans ; 15h11 pour les 13-19 ans

Y-a-t-il un trouble d’usage avec les écrans ?

Un trouble se caractérise par :

- un diagnostic clinique

- une souffrance et une inadaptation

- une perspective de prise en charge

Dans le cadre de l’usage des écrans, il n’y a pas de cas clinique, et pas de prise en charge spécifique. La question de la souffrance et de l’inadaptation en revanche n’est pas exclue et est émergente. C’est peut-être ce critère qui amènera un jour à postuler l’existence d’un trouble des écrans.

La notion d’addiction comportementale peut apporter quelques contributions dans ce domaine. A noter que dans le cadre de la révision des outils diagnostic (calibrés par l’OMS), deux nouvelles addictions ont été ajoutées dans le champ des troubles du comportement : l’addiction aux jeux d’argent et de hasard, et celle aux jeux vidéo et numériques. En revanche, dans l’état actuel des choses il n’existe pas de catégorie diagnostic du type trouble de l’e-phone ou de la tablette.

Malgré tout, un usage abusif de supports numériques tels que les écrans peut être négatif. Il y a toutefois aussi des points positifs.

 

CERVEAUX ET ECRANS

Selon plusieurs avis d’expertise (INSERM, académie des sciences, sociétés de pédiatrie) : les écrans sur-sollicitent le cerveau et la cognition, notamment sur des aspects de perception, d’attention et de contrôle de l’attention, mais aussi sur les dimensions de plaisir et de récompense.

L’usage abusif des supports numériques peut potentiellement poser problème chez les jeunes enfants dans la mesure où leur cerveau a un haut besoin de stimulation sociale, d’interaction, de dimension réelle et concrète.

Selon les avis d’experts également, les excès d’écran peuvent poser des problèmes de santé mentale et physique : sommeil perturbé, des troubles alimentaires, un repli social, de l’impulsivité. Il s’agit donc de porter attention à ces marqueurs.

Quelques études récentes (2018-2019)

Ces études sont un indicateur fort de la préoccupation internationale sur la question des enfants face aux écrans.

Article « The association between adolescent well-being and digital technology use », Nature Human Behaviour (2019)

Lien vers l'article 

Cette étude, qui porte sur les adolescents, montre que l'utilisation des technologies numériques exerce un effet négatif sur le bien-être mais cette part reste très réduite puisqu’elle est exprimée à moins de 0,4% seulement. 

 - Article "Association between screen time and children's performance on a developmental creening test", Original Investigation (2019)

lien vers l'article

Sur des aspects comportementaux, une étude conduite aux États-Unis et au Canada montre un lien entre le temps passé sur les écrans et la performance académique, chez les très jeunes enfants. A 24 ou 36 mois, ce temps va impacter le niveau attendu de développement cognitif et de performance intellectuelle. Néanmoins, aucune association en matière d’intensité n’a été mise en évidence, ce qui amène à pondérer un peu ces résultats.

 - Article "Associations between 24 hour movement behaviours and global cognition in US children : a cross sectional observational study"", 

lien vers l'article

Cette étude est basée sur l’observation du rythme de vie de l’enfant pendant 24h. Chez les enfants un excès d’écran (à partir de 3,1h) a un impact à différents niveaux : à la fois sur le fonctionnement cognitif et sur le développement cérébral. Il joue donc sur les capacités d’apprentissage en entraînant une perturbation du sommeil ou encore une réduction de l’activité physique et un mode de vie sédentaire.

 

 RECOMMANDATIONS

 - Eviter trop d’écrans. En particulier, éviter impérativement l’excès d’écrans avant 18 mois pour respecter les « besoins naturels du cerveau » (laisser le cerveau se développer).

- Laisser un temps fondamental aux apprentissages sociaux et émotionnels

- Préférer lire et jouer. Faire que l’imaginaire se développe par lui-même.

- Si nécessaire, élaborer un « contrat familial des écrans » : poser un cadre d’utilisation des écrans (à un moment donné, accompagné d’adultes, etc.). C’est un contrat qui concerne toute la famille et implique donc aussi les parents.

- Pas d’écran dans les chambres, pendant les repas et à moins d’1h de l’endormissement

- Adapter les temps et les contenus aux âges

- Partager l’activité d’écran, pour qu’elle soit un temps social et non une activité isolée

 

 ECHANGES AVEC LE PUBLIC

 « Que préconiser aux parents qui imposent l’interdiction totale des écrans à leurs adolescents, ce qui peut alors créer une situation conflictuelle voire une rupture de dialogue ? »

L’accompagnement des parents est important. Dans ce cadre, l’école a un rôle non négligeable à jouer pour que tout le monde bénéficie de la même éducation aux usages. Il serait inutile et contre-productif de « se braquer », surtout pendant la période de l’adolescence où les jeunes se construisent dans un plus ou moins grand élan d’opposition. Une interdiction brusque et frontale ne fait que majorer le problème et les affrontements.

Ce qui ressort souvent des conseils, c’est donc de ne pas exclure l’écran (ou autres objets numériques : console, tablette, télévision, etc.) mais d’en faire un objet partagé. Il faut tester car il n’y a souvent ni coupure ni repli. Il peut même y avoir une demande des enfants ou des adolescents de partager quelque chose à travers ce support. Il s’agit donc de s’en servir comme levier de communication. Par exemple, chacun peut partager ce qu’il a fait ou regardé sur les écrans, une nouvelle application utilisée, etc. Cela peut apporter des éléments favorables à la communication.

 

« Comment accompagner un enfant ou un adolescent qui est dans un processus addictif ? »

L’addiction n’est pas un terme reconnu pour le domaine des écrans.

De manière générale, si une personne entre dans une dépendance à l’usage, un excès d’usage, et donc dans un processus addictif, un accompagnement peut quand même être proposé. Celui-ci va reposer sur l’identification des situations problématiques. Y-a-t-il réellement un problème associé ? Y-a-t-il des facteurs déclencheurs qui favorisent l’entrée dans des phases massives aigües ? (caractérisées par une grosse consommation de l’objet du processus addictif).

La composante motivationnelle est très importante et se travaille. On ne fera jamais sortir quelqu’un d’une addiction s’il ne le veut pas réellement. Et la meilleure motivation est celle qui est intrinsèque, c’est-à-dire qui vient de soi et engage soi-même. Cette prise de conscience constituent souvent la plus longue partie du travail. Il s’agit également de planifier des comportements alternatifs et la possibilité de trouver d’autres sources de plaisir. Il faut prendre le temps d’adapter à chaque personne une liste de nouveaux comportements et stratégies qui peuvent être utiles.


« Quelles sont les conséquences de l’usage des écrans sur l’apprentissage et le comportement des enfants ? »

Avec un regard d’enseignant, ce qui peut être constaté c’est que les enfants sont souvent  très motivés de travailler avec des écrans. Quand ils se rendent compte que ça servira à travailler et non à jouer il y a cependant parfois une petite déception et une petite baisse de motivation et d’attention. En tant qu’enseignant, il n’y a pas assez de recul pour parler de troubles d’apprentissage en lien avec ces nouvelles technologies qui arrivent dans l’école. En revanche il y a plutôt une manière d’enseigner qui est différente, avec un changement de pratique et de pédagogie. Les enseignants vont se positionner de façon nouvelle dans leurs leçons, avec une manière différente de faire la classe, ce qui est nouveau aussi pour les élèves. Il faut donc un temps d’adaptation à la fois pour les enseignants et pour les enfants.

D’un point de vue psychologique, tout n’est pas tout noir ni tout blanc. Il y a par exemple des aspects positifs, notamment sur la flexibilité mentale, c’est-à-dire la capacité de passer d’une tache à une autre rapidement. Cependant, le souci se pose pour les enfants qui ont besoin de développer leur capacité de concentration et d’attention soutenue. Les troubles de l‘attention font ainsi partie des aspects négatifs.

D’un point de vue comportemental, les troubles identifiés concernent la régulation de soi, l’impulsivité, générant parfois des comportements agressifs lors des interactions sociales.

Concernant l’impact sur l’impulsivité, une grande différence est néanmoins à faire entre l’usage des outils numériques dans le cadre de loisirs à la maison, et dans la classe. Si l’écran peut habituer dans certains cas à un accès immédiat aux informations, ce n’est cependant pas comme cela qu’il est envisagé en classe. Dans le cadre de l’apprentissage scolaire, les élèves sont amenés à utiliser l’outil numérique en vue de raisons bien précises, choisies par l’enseignant, pour des fonctions ou informations réutilisables plus tard.

Les quelques études qui ont porté sur l’apprentissage ont aussi mis en évidence à la fois des aspects bénéfiques, dans la cognition numérique notamment (calcul mental par exemple), et des aspects  négatifs comme l’appauvrissement du vocabulaire. Tout dépend de l’usage fait des écrans. Si celui-ci est régulé et que les écrans sont associés à des logiciels adaptés, on peut passer d’un usage négatif à un usage positif accompagnant les apprentissages. Le défi aujourd’hui est de réaliser des études qui identifient la part de chacune de ces composantes dans les troubles en fonction de l’âge et des usages. Un gros travail reste à accomplir, pour obtenir des données fiables et solides qui permettront d’envisager l’élaboration ou non d’un diagnostic.

Néanmoins, pour des raisons de propriétés lumineuses, et selon l’usage fait, l’excès d’écran peut être négatif, d’où l’attitude de prévention et de vigilance à avoir.


« Les résultats d’études scientifiques portant sur les jeux vidéo sont parfois contradictoires. Développent-ils des capacités ou bien peuvent-ils avoir des effets négatifs (telle de l'agressivité pour des joueurs de jeux violents) ? Quel est l’état des lieux sur ce sujet ? »

C'est une question d’actualité puisque fin 2018-début 2019, le « gaming disorder » (ou « trouble du jeu vidéo ») a été intégré dans la classification médicale. Il s'agit d'un trouble du comportement clair et à prendre en charge.

Cependant, c’est la dose qu’il convient de prendre en considération, comme le dit l’adage « tout est poison, rien n'est poison, c’est la dose qui fait le poison ». Cela est à garder en tête dans le champ des addictions. Néanmoins, si le diagnostic est posé c'est qu'il y a une souffrance, un besoin de prise en charge pour certains individus.

Si l’utilité de certains jeux peut vraiment être mise en doute, il en existe aussi qui permettent de développer des capacités : l’attention soutenue, la concentration, etc. Certaines techniques numériques peuvent être utilisées d’un point de vue thérapeutique et clinique. Il arrive ainsi que des hôpitaux demandent à leur service financier d'acheter une console de jeu, ou d'équiper un ordinateur d‘une bonne carte graphique et de lunettes 3D car il y a un vrai intérêt thérapeutique : cela peut favoriser de la remédiation cognitive. Tout dépendra du contenu, de la réceptivité de la personne (il y a des différences inter-individuelles fortes), et de l’objectif réel qui est proposé. Ce qui manque parfois ce sont des indications thérapeutiques ciblées, en lien avec des niveaux de preuves suffisants. Pour l’instant on ne sait pas beaucoup de choses. Ce que l’on sait en revanche, c’est que, lorsqu’une personne ne sort plus de sa chambre, qu’elle perd des kilos, ou bien en prend car elle se nourrit mal derrière sa console de jeu, lorsqu’un jeune est en décrochage scolaire car il ne dort plus pour finir ses parties, etc. ce n'est plus alors juste un usage débordant, il y a un réel souci. C’est cette version qui a été intégrée dans l’approche diagnostic. Il s'agit de se poser la question des coûts, des bénéfices et de la souffrance subjective et objective.

 

« On parle beaucoup du rapport des enfants avec les écrans mais finalement les parents sont beaucoup sur leur téléphone. Qu’en est-il de l’exemple donné par les parents ? »

Il y a peu d'études sur le sujet. Les études réalisées portent plutôt sur les compétences émotionnelles, psycho-sociales, et éducatives des parents. Ce qui peut être constaté, c’est que le parent qui ne déploie pas assez d’attention, qui n'est pas vigilant aux attentes et besoins de son enfant ne va pas forcément aider et être positif de ce point de vue là pour son enfant.

La notion d'implication de toute une famille autour de l'usage est importante. L'enfant a un apprentissage par imitation de modèles, il réplique les usages de ses parents ou d'autres personnes, or ce sont parfois de mauvais usages. L’erreur n’est alors pas tant dans l’outil ou le comportement de l’enfant, mais dans ce qui lui a été possible d'en apprendre.

Ainsi, la notion plus généralement de l’adossement de l’outil numérique et de son bon usage dans le cadre de ses compétences psychosociales et émotionnelles est une vraie question.

 

CONCLUSION

Ce sujet des enfants face aux écrans nous touche tous, en tant qu'enseignant, parent d'élève, etc. C'est une vraie question et un thème d'actualité. Les infographies utilisées comme support peuvent être une référence, dans les foyers comme aux portes des écoles. Ce sont des documents qui permettent de réguler.

Dire « pas d’écran », ne sous-entend pas seulement ne pas mettre un bébé devant, cela concerne aussi toute l'hygiène numérique autour. Cela implique par exemple aussi de ne pas laisser les écrans allumés en fond visuel et sonore permanent, ce qui vient alors capter l'attention.

À titre d'exemple, deux études montrent l’impact de ce type d’usage :

- L’écran entraîne une réduction du temps de sommeil. Cet effet est lié notamment à la lumière bleue qui active certains réseaux de vigilance, de mise en activation du cerveau, ce qui fait donc perdurer l’état d’éveil.

- Les écrans détournent l’attention. D’ailleurs, les anesthésistes ont bien compris cet effet : proposer un temps d’écran à des enfants en pédiatrie chirurgicale avant de les descendre au bloc permet de diminuer l'administration d’anxiolytiques et parfois aussi les doses d’anesthésiant. Il se passe donc bien quelque chose en matière de fonctionnement mental avec un impact sur l’anxiété et la vigilance.

Chez les bébés il faut vraiment faire attention car les premières études (de type observationnel) montrent une difficulté plus importante à fixer le regard, à engager du lien social et à avoir des cycles de veille/éveil adaptés lorsqu’ils sont « utilisateurs » (passifs) d’écrans.

La prévention dans ce domaine a vraiment de l’intérêt. Par ailleurs, il s’agit de garder en tête que rien n’est tout noir ni tout blanc. S’il y a des effets négatifs, il y en a aussi des bénéfiques.

En tant que citoyen, on peut participer à cette diffusion de bonnes pratiques. Il est possible aussi de contribuer au recueil de données en participant aux études menées par les chercheurs en psychologie (à l’Université Savoie Mont Blanc ou ailleurs). Celles-ci peuvent se faire soit par méthodologie d’enquête, soit en laboratoire pour certaines études comportementales ou en neuro-imagerie.